La vérité sur l’immigration

Si l’on veut lutter efficacement contre l’idéologie nauséabonde du FN et de l’UMP à propos de l’immigration, il faut commencer par aborder la question … et le faire sans tabous. C’est ce que notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, appelle « l’effet Dracula » : allumez la lumière et le monstre disparaît.

Est-ce que les immigrés nous envahissent ?

Le parti de la haine nous parle d’invasion : 400 000 à 500 000 nouveaux immigrés arriveraient sur notre sol chaque année. Plus sérieusement, l’INSEE et de l’INED établissent à 190 000 le nombre de titres de séjour délivrés chaque année depuis dix ans.

En outre, les flux migratoires n’augmentent pas, avec un solde migratoire (différence entre les entrants et les sortants) qui se stabilise depuis dix ans autour de 75 000 (contre 150 000 dans les années 1970). L’immigration pèse pour 20% de l’accroissement de la population française, contre 63% en moyenne dans l’Union Européenne d’après Eurostat. La France n’est plus une terre d’immigration.

Autre illustration, plus statique : 10% des personnes résidant en France sont nées à l’étranger, pour 8% au Royaume-Uni, 12% en Allemagne, 12% aux USA. On est loin de l’invasion…

Est-ce que les immigrés nous volent nos emplois ?

En 2008, avant la crise, le ministère de l’Immigration montrait dans une étude qu’il y avait eu dans le même temps, dans notre pays, une augmentation de la population active immigrée et une baisse du taux de chômage. Si le chômage a repris sa hausse depuis, c’est bien en raison de la crise ; il n’y a aucun lien de cause à effet entre immigration et chômage.

En revanche, la majorité des immigrés « sans papiers » sont employés dans certains secteurs d’activité en mal de recrutement (le patronat hôtelier réclamait, en 2008, rien de moins que la régularisation de 50 000 travailleurs pour palier au manque de main d’œuvre). De part leur situation, ils ne disposent d’aucune protection de leurs droits. Ils participent ainsi et bien malgré eux à une concurrence malsaine entre salariés les plus pauvres. Régulariser les travailleurs sans papiers permettra de mettre fin à la surexploitation qui tire les salaires vers le bas. Ce serait même une mesure d’urgence si l’on adhère à l’idée de Sarkozy selon laquelle c’est le travail qui crée la richesse et donc l’emploi.

La droite est-elle le rempart contre l’immigration ?

Belle hypocrisie, et beau mélange des genres. En 2010 le gouvernement français a autorisé l’entrée de 203 000 étrangers légaux dans notre pays, contre 114 000 en 2000. Si la droite régule à la hausse l’immigration, ce n’est pas par idéologie mais par nécessité : la France a besoin de cette immigration car notre situation démographique, et notamment la hausse programmée des départs en retraite, va rendre nécessaire d’ouvrir plus largement les frontières. Pragmatique, la droite fait donc une chose tout à fait utile… tout en la stigmatisant par pure idéologie cette fois-ci.

Est-ce que l’immigration coûte cher ?

Comptons. Côté charges (prestations sociales, aides au logement, santé, …) : un peu moins de 50 milliards d’euros. Côté recettes (impôts, taxes et cotisations sociales) : un peu plus de 60 milliards. Le solde est supérieur à 10 milliards. À cela s’ajoute l’activité générée par les immigrés qui, faut-il le rappeler, mangent, se vêtissent, se déplacent…

Ce qui coûte cher en revanche, c’est la politique du chiffre des expulsions : en 2009, 415 millions d’euros pour les reconduites à la frontière. Somme colossale dépensée pour expulser dans les conditions inhumaines que l’on connaît tout en augmentant, et nécessairement, le nombre d’immigrés entrant sur notre territoire.

Régulariser les sans-papiers provoquera-t-il un appel d’air ?

Aucune régularisation française ou étrangère n’a jamais provoqué d’appel d’air. Suite aux régularisations de 1997, les demandes d’asile et de réexamen de situation ont stagné à 22 000 entre 1997 et 1998. La droite agite le chiffre de l’année 2004, où l’on enregistrait un pic à 57 000, mais ce pic a eu lieu cinq ans après la régularisation alors que Sarkozy était ministre de l’Intérieur. Cherchez l’erreur.

Sous la pression du patronat qui manquait cruellement de main d’œuvre dans certains secteurs, le Parlement a fini par adopter une loi, en 2007, permettant d’offrir une autorisation de travailler aux sans-papiers oeuvrant dans les métiers en tension. Si on élargissait la liste de ces métiers en tension à celle des métiers en besoin de main-d’œuvre établie par l’Unedic, la question des sans-papiers disparaîtrait du débat public.

Alors, quel est le problème ?

Certainement pas l’immigration. Mais plutôt une politique d’expulsion qui déshumanise, une politique du logement qui crée des ghettos, une école ravagée qui n’intègre plus, une économie sans projet livrée à folie des marchés… et la haine, toujours la haine.

 

Pour s’opposer au parti de la haine, le vote de la Raison c’est le vote Front de Gauche.

 

B JACQUIER – PG Ambérieu

 

 

Be Sociable, Share!

Commentaires

Laisser une Réponse