La position du Parlementaire de gauche couché

 

Le PS, en cohérence avec son congrès de Reims, a définitivement tourné la page du Socialisme de lutte et de résistance. Le PS est définitivement couché. Ses électeurs historiques ont deux choix possible à ce jour : s’inscrire dans la politique du parti et privilégier « l’abstention dynamique » ou rejoindre le Front de Gauche.

*

Le 21 février, s’est tenu à l’Assemblée Nationale le débat parlementaire sur le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), contre lequel nous avons milité sans relâche depuis son adoption par le Parlement Européen (adoption avec le soutien du Parti Populaire, du Parti Socialiste Européen et une partie des Écologistes).

Nous avons déjà donné nos arguments, intéressons-nous à ce qu’il s’est passé en séance.

Le Front de Gauche avait bataillé pour obtenir un vote nominal sur ce texte (vote solennel, avec explication de vote) et déposé une motion de rejet.

Notre motion de rejet était motivée par l’abandon de souveraineté concédé par le traité, puisque la France se met en situation de fournir des fonds (jusqu’à 142 milliards) sans avoir le moindre regard sur leur emploi, puisqu’elle le délègue intégralement à des instances européennes non élues et au FMI. Selon nous, il est bon de se souvenir que la Révolution de 1789 est née des États Généraux convoqués par le roi : même le monarque absolu devait rendre compte du budget de la nation et c’est bien souvent le point de départ des Révolutions. Mais passons…

L’UMP, au choix, « ne voit pas où est la perte de souveraineté » ou (plus honnête) vante « les vertus des transferts de compétences et [le] mérite du fédéralisme » (M. Poniatowski, en séance).

Aucun député socialiste n’a d’avis sur la question, aucune prise de parole.

Résultat : notre motion de rejet n’est pas adoptée.

 

Vient le débat sur le texte lui-même.

 

Madame Guigou (PS) prend la parole. Elle dénonce le dernier plan de rigueur imposé aux grecs. « C’est la dignité même du peuple grec qui est bafouée » explique-t-elle avec justesse… avant d’en rejeter la faute sur le gouvernement grec et Commission européenne. Elle annonce qu’elle s’abstiendra. Elle se couche.

Monsieur Caresche (PS) décrit le MES comme « un sabre de bois » parce qu’il n’est pas adossé à la BCE. « Il ne peut donc aider que les petits Etats » pas l’Espagne ou l’Italie. Bien sûr il ne propose pas que la BCE prête aux Etats. Il termine en expliquant qu’avec le MES « l’Europe est loin d’être sauvée ». Il s’abstiendra. Allez comprendre…

Gérard Charasse (PRG) fait un pas vers nous puisqu’il dit qu’il faut « adosser le MES à la BCE » et un meilleur contrôle parlementaire. Il dénonce également les politiques de rigueur imposée à la Grèce : « et vous voulez les imposer aux autres pays ! » s’exclame-t-il. « Vous voulez interdire toute marge de manœuvre aux peuples, quelle belle leçon de démocratie ! ». Il pointe du doigt « le dumping et la concurrence contre l’union et la cohésion ». « Vous privilégiez l’austérité quand nous privilégions la solidarité ». Un espoir naît à gauche. Mais Monsieur Charasse va s’abstenir.

François de Rugy reprend la parole pour Europe Ecologie-les Verts. « Nous ne voulons pas donner quitus à la politique européenne de Nicolas Sarkozy » explique-t-il. « Nous ne sommes pas pour que certains pays imposent leur loi à d’autres » souligne-t-il. Ils voteront contre. Ouf !

Monsieur Ayrault, président du Groupe Parlementaire socialiste enfonce le clou : « Le MES est un progrès », explique-t-il, mais en dénonçant le lien avec le pacte budgétaire. Il précise que les socialistes ne peuvent-ils pas voter pour le MES : « ça brouillerait notre message politique ». Il explique que l’abstention des socialistes signifie « que nous pouvons changer les choses ». « Nous nous abstenons pour dire : oui, une autre Europe est possible (…) » . Chez les socialistes, on appelle cela « l’abstention dynamique ». Il ajoutera plus tard : « Nous nous abstenons pour donner toute chance à la renégociation du TSCG ». Il nous prend pour des cons.

 

Résultat du vote : 438 présents, 305 exprimés, 261 pour, 44 contre.

 

La majorité des Députés socialistes sont sont couchés. Le Front de Gauche a unanimement voté contre le texte. Il a été rejoint par quelques députés PS dont Julien Dray et Henri Emmanuelli, ainsi que par Europe Ecologie les Verts.

 

Par la teneur des débats et par les prises de positions des personnalités qui se sont opposées au MES, il apparaît clairement que le PS, en cohérence avec son congrès de Reims, a définitivement tourné la page du socialisme de lutte et de résistance. Le PS est définitivement couché. Ses électeurs historiques ont deux choix possible à ce jour : s’inscrire dans la politique du parti et privilégier « l’abstention dynamique » ou rejoindre le Front de Gauche.

Le PS est couché, vive le Socialisme  !

Be Sociable, Share!

Commentaires

Laisser une Réponse